Football: Douleurs et traumatismes de chevilles

Pourquoi le football est-il si contraignant pour le pied et la cheville ? Bien que la question soit simple, la réponse n’en est pas moins complexe. Il existe une multitude de points spécifiques qui s’additionnent et créent alors des conditions favorables aux traumatismes et à une douleur à la cheville. Il suffit de suivre un match et les joueurs pour comprendre la source de ces lésions du pied. Le football est un sport où les accélérations doivent être explosives, le port de crampons entraîne des contraintes majeures en bloquant le pied par rapport au reste du corps, les hyperflexions et hyperextensions de la cheville blessent l’articulation, les contacts directs (tacles, etc..) peuvent être très violents… Bref, les sources de traumatismes sont légion et tout footballeur qui se respecte a souffert, tôt au tard, de problèmes de ses membres inférieurs.

Conflit articulaire (douleur à la cheville)

douleur à la cheville - conflit articulaire cheville

Le conflit articulaire est défini par un blocage mécanique d’une articulation. Les causes sont nombreuses mais on retrouve généralement des excroissances osseuses ou des cicatrices fibreuses de part et d’autre de l’articulation. Lorsque la cheville est mise en flexion ou extension, ces excroissances rentrent en contact les unes avec les autres, bloquant le mouvement et entraînant des douleurs (cf image ci-dessus).
Des études scientifiques ont montré que les mouvements forcés, lors de la frappe d’un ballon par exemple, imposent un impact violent entre les os de la cheville.  Ceci entraine des microlésions de l’os et un saignement (hématome) qui, bien qu’indolores, finissent avec les années par se calcifier. Il est d’ailleurs assez simple de reconnaitre un jeune footballeur uniquement en regardant ses radiographies de cheville qui souvent montrent le développement de ces excroissances, aussi appelées ostéophytes.  

Les lésions ligamentaires (entorses, par exemple) peuvent aussi entraîner un blocage, en créant une masse de tissus fibreux dans la cheville. Elle est généralement située sur le bord latéral de la cheville, avec une zone douloureuse très spécifique.

Bien que ces excroissances soient généralement asymptomatiques, il est parfois nécessaire de les opérer en cas de douleurs persistantes ou de blocages. Le développement de l’arthroscopie de cheville a été une vraie révolution dans la compréhension et le traitement de ces lésions. 

 Pour plus d’informations, retrouvez notre page spécifique sur les conflits de cheville)

 

Entorse de la cheville

 

Impossible de parler de traumatologie du footballeur sans se pencher spécifiquement sur les entorses de cheville.
Le design des chaussures de football est clairement un des facteurs de risque principaux d’une douleur à la cheville. Courir avec des crampons est évidemment obligatoire sur un terrain de football, sans quoi la liste des traumatismes serait certainement deux fois plus longue! Cependant, l’instant spécifique où les crampons sont plantés dans le sol est un moment particulièrement dangereux. A ce moment précis, le pied est fixé dans une position alors que tout le reste du corps est en mouvement. Il suffit alors que le mouvement soit modifié pour entraîner des forces extrêmes au niveau articulaire. C’est en général à ce moment que surviennent les lésions ligamentaires du genou, les entorses de cheville, ou les fractures. Il existe d’autre facteurs de risque important comme un défaut d’axe des membres inférieurs, une laxité ligamentaire, un pied creux, etc…

L’entorse de cheville est une lésion des ligaments stabilisant les os. Distendus, déchirés ou rompus, ils peuvent ne plus jouer leur rôle et rendre la cheville instable ou douloureuse chroniquement. Il est important de bien entraîner la musculature de sa cheville et d’effectuer régulièrement des exercices d’équilibre (proprioception) afin de limiter les risques d’entorses ou de douleur à la cheville. Assurez-vous aussi de l’entretien et du choix de vos chaussures de football voir de l’ajout de semelles sur mesure.

 

Arthrose de la cheville

douleur à la cheville - Cheville normale vs arthrose de cheville

Il s’agit d’une question et préoccupation fréquentes des footballeurs, professionnels ou amateurs. Contrairement aux autres articulations comme la hanche ou le genou, l’arthrose de cheville est généralement post-traumatique, c’est à dire que l’arthrose se développe dans les suites d’un traumatisme majeur de la cheville, même ancien. On retrouve classiquement une fracture de cheville, de l’astragale ou du tibia dans l’historique des patients souffrant d’arthrose. Il n’a jamais été prouvé que l’hyper-utilisation de la cheville, comme par exemple chez un sportif d’elite, était en soi source d’arthrose. Il est évident que plus on utilise une articulation lésée, plus les dégâts sont rapides, mais il est alors nécessaire de présenter une pathologie sous-jacente.

On sait cependant que l’instabilité de cheville est une source d’arthrose fréquente. Cette particularité est souvent méconnue et négligée mais il nous parait très important d’être sensibilisés sur le sujet. Plus de 80% des chevilles instables vont développer de l’arthrose à un degré plus ou moins important! Il est donc primordial de suivre une rééducation optimale après une entorse, car nombre d’instabilités sont dues à une traitement insuffisant après le traumatisme. Dans les cas les plus évolués, il est parfois nécessaire de recourir à une stabilisation chirurgicale qui règle le problème d’instabilité et de douleur à la cheville définitivement. 

 

Fracture

douleur à la cheville

 

Les tacles, meilleurs amis d’une bonne défense en fond de terrain, sont probablement les pires ennemis de l’intégrité osseuse du footballeur! La charge, sur un membre bloqué au sol par les crampons, entraîne des fractures parfois sévères et nous avons tous en mémoires ces images impressionnantes de fractures lors de match télévisés. Les os les plus souvent atteints sont le tibia, le péroné et les métatarsiens, mais il existe une longue liste de fractures possibles. Souvenez-vous en si des douleurs liées à un traumatisme sportif peinent à diminuer. 

Il n’y a, évidemment, pas vraiment de moyen de vous protéger de ce type de traumatisme car c’est en général l’adversaire qui entraîne la lésion. Néanmoins, sachez être prudent et n’oubliez pas qu’une chute est souvent beaucoup moins préjudiciable qu’un tacle sur un jambe bloquée. Si vous avez été victime d’un tel traumatisme et que vous avez de la peine à poser le pied à cause d’une douleur à la cheville. Il est fort probable que vous soufriez d’une fracture. Dans ce cas, rendez-vous dans un service d’urgences pour effectuer des radiographies et un examen spécialisé.

 

Fasciite plantaire: une pathologie à l’origine controversée

Auteur: Dr Adrien Ray

Épine de Lenoir

  La fasciite plantaire, parfois appelée épine de Lenoir, est la principale cause de talagies (douleurs du talon) et représente 11-15% des consultations spécialisées.  Elle correspond à une atteinte du fascia plantaire (pour de plus amples informations, lire notre article…). Ce fascia correspond à une longue structure fibreuse, reliant le talon aux orteils. Le terme épine de Lenoir est souvent évoqué lorsqu’on parle des blessures des athlètes comme les basketteurs, les coureurs de fond ou les footballeurs. Elle se présente généralement comme une douleur aiguë, très invalidante, augmentée par l’activité et particulièrement prononcée au réveil. Le risque principal est la chronicisation et donc l’installation de ces douleurs au quotidien. Bien que l’existence de cette pathologie se soit démocratisée, son origine reste néanmoins peu comprise. La communauté scientifique s’accord à lui reconnaître des causes multiples, liées à de nombreux facteurs comme l’âge, le poids ou un travail lourd. Le consensus s’arrête là, et les discussions restent passionnées concernant sa véritable nature.  

Une véritable pathologie inflammatoire?

Lorsque vous retrouvez le suffixe -ite à la fin d’un mot, cela correspond à une inflammation. Conjonctivite (conjonctives), tendinite (tendon) ou sinusite (sinus) en sont de classiques exemples. Le mot fasciite signifie donc “inflammation d’un fascia”. Cette pathologie a donc longtemps été considérée comme telle et décrite comme une cascade de phénomènes inflammatoires dus à un stress local. Or, il est difficile d’expliquer que cette “inflammation” ne se résorbe pas après quelques jours de repos, comme la plupart des inflammations aiguës. Des biopsies ont été faites sur cette structure et ne montrent que peu d’inflammation. La fasciite plantaire n’est donc pas une maladie inflammatoire. Il faut alors se tourner vers un processus dégénératif.  

Microtraumatismes et lésions tissulaires

L’études des atteintes du tendon d’Achille ou d’autres tendons ont permis de mieux comprendre le phénomène responsable de la fasciite. Les chocs répétés entraînent des microfissures ou déchirures dans les structures tendineuses. Il s’agit ensuite d’un délicat équilibre entre la survenue de ces traumatismes et la capacité des corps à les guérir. Tant que l’équilibre est conservé, le pied est indolore. Lorsque la balance penche en faveur des traumatismes, on note une dégénérescence du tissu concerné, une destruction progressive pouvant aboutir à une rupture complète et la calcification des lésions (d’où l’apparition d’une épine osseuse). La fasciite est donc une pathologie dégénérative et non inflammatoire.  

Rôle du mollet et de sa contracture

Les discussions les plus passionnantes sur la fasciite plantaire ou l’ épine de Lenoir sont actuellement centrées sur le rôle du tendon d’Achille. Ce dernier est formé par le confluant de deux muscles du mollet: le gastrocnémien et le soléaire. Ces deux muscles, très puissants, permettent la flexion de la cheville. Lorsque le gastrocnémien est trop court ou trop tendu (syndrome du gastrocnémien court), il entraîne une cascade de retractions et en particulier celle du fascia plantaire. Celui-ci est donc intimement lié au mollet par un complexe de structure appelé système gastro-calcanéo-plantaire, si cher à l’école chirurgicale espagnole. Le syndrome du gastrocnémien court est fréquent et semble responsable d’un nombre considérable de pathologies du pied. L’équipe de DiGiovanni a montré en 2009 que 85% des patients souffrant de fasciite plantaire ont une rétraction des muscles du mollet. Ces découvertes montrent que cette pathologie très fréquente est peut-être la pointe d’un iceberg bien plus complexe et qu’une prise en charge plus large doit être proposée aux patients, en ne se concentrant pas que sur le fascia, mais aussi sur le reste de la musculature et de la statique. Pour en savoir plus sur la fasciite plantaire…

Comment bien choisir ses chaussures de sport

Auteur: Dr Adrien Ray

1. Se faire conseiller par des professionnels

Nous n’insisterons jamais assez sur ce point. Choisir la bonne chaussure pour le bon pied est un métier. Etre au top du design c’est bien, ne pas avoir à arrêter sa saison à cause d’une blessure évitable, c’est mieux! Chaque pied est différent et nécessite un chaussage adapté. Certaines marques par exemple sont parfaitement adaptées à un pied fin, alors que d’autres fonctionneront beaucoup mieux avec un pied plus large. Pied pronateur, supinateur, barre de déroulement,…il existe toute une terminologie parfois difficile à comprendre pour le néophyte et les corrections proposées dépendent non seulement de la forme du pied mais aussi du style de course.

Equipez-vous de vos chaussettes habituelles, prenez rendez-vous dans un magasin spécialisé et laissez-vous conseiller en fonction de vos buts et de votre morphologie.

Bien entendu, si vous notez le développement de douleurs sous l’avant du pied ou sous le talon, il est conseillé de consulter un médecin spécialisé.

 

2. Catégories de chaussures de sport

On regroupe généralement les chaussures de sport en 4 catégories : course, fitness, marche et spécifique.

Sélectionnez donc vos chaussures selon leur fonction.

  • Course : on insistera sur leurs capacités d’absorption des chocs, leur souplesse, le contrôle et le maintient du talon, leur légèreté et leurs propriétés propulsives et respirantes.
  • Marche : Soyez attentif à la souplesse du textile et aux propriétés d’absorption de la semelle. Faites très attention aux coutures qui doivent être souples et insensibles. Enfin, la forme de la semelle extérieure doit permettre un bon déroulement du pas lors de la marche.
  • Fitness : Confort, légèreté, respirabilité et propriétés d’absorption sont les éléments les plus importants.
  • Spécifique : football, golf, dance,… certains sports possèdent une gamme spécifique de chaussures. N’oubliez pas qu’il y a une bonne raison à cela et attendez-vous à des blessures si vous faites un match de football sur terrain mouillé et sans crampon!

Si vous effectuez un sport 3 fois ou plus par semaine, prévoyez l’acquisition d’une paire de chaussures spécialisées. Elles ont été conçues spécialement pour assurer une sécurité maximale dans ce type précis d’activités.

 

3. Choisir la bonne taille

Aussi technique que soit une chaussure, elle n’apportera qu’inconfort voir blessures si elle n’est pas parfaitement adaptée.

  • Vos deux pieds étant de tailles légèrement différentes, fiez-vous toujours à votre pied le plus large.
  • Ne choisissez pas selon votre pointure habituelle. Faite mesurer votre pied et choisissez seulement après avoir essayé vos chaussures aux deux pieds.
  • Mieux vaut tester les chaussures en fin de journée, quand vos pieds sont les plus larges.
  • Si vous êtes une femme avec un pied large ou long, n’hésitez pas à essayer les chaussures pour hommes.
  • Portez vos chaussettes utilisées normalement pour le sport.
  • Si vous vous demandez si une chaussure est trop petite quand vous l’essayez, vous avez votre réponse. Elle n’est pas faite pour vous.

 

4. Le confort

Vous devez vous sentir à l’aise dès que vous essayez votre nouvelle paire de chaussures. Contrairement aux chaussures de ville, ne vous dites pas que vos chaussures de sport vont petit à petit s’adapter à votre pied. Elles sont conçues pour être immédiatement portables, sans douleur.

Vous devez sentir un bon maintient de votre talon dans la chaussure. Un talon qui n’est pas stabilisé est souvent synonyme de futures blessures.

Le problème est d’autant plus évident si vous souffrez de déformations du pied comme un hallux valgus (aussi appelé oignon) ou des orteils en griffe. Les inflammations de l’insertion du tendon d’Achille, marquées par une bosse sur l’arrière du talon, représentent aussi une pathologie imposant un chaussage stricte.

 

5. Modifications

Beaucoup de problèmes de pieds sportifs peuvent être compensés par un échauffement, des étirements ou un changement de chaussures. Pourtant, vous avez choisi une chaussure adaptée et confortable, mais après plusieurs courses vont ressentez des douleurs nouvelles dans le genou ou le pied ? Il arrive parfois que votre pied nécessite un ajustement fin au niveau des chaussures pour vous permettre de courir en toute sécurité. Il est impossible pour les designers de chaussures de sport de prévoir chaque situation anatomique ou biomécanique et ils s’efforcent avant tout de s’adapter au plus grand nombre.
Les modifications internes comme par exemple des semelles sur mesures ou des appuis retro-capitaux , peuvent être bénéfiques pour la santé de votre pied. Si vous êtes un grand coureur, ou que vous souffrez régulièrement de vos pieds, c’est une option à considérer. Le coût supplémentaire sera largement compensé par le bénéfice.