Tout savoir sur les prothèses de cheville: Alternatives, avantages et risques

 

Qu’est-ce qu’une prothèse de cheville ?

Une prothèse de cheville est un implant médical qui est utilisé pour remplacer l’articulation de la cheville. Contraîrement aux prothèses d’autres articulations, et bien que le design puisse changer légèrement d’une marque à l’autre, le concept général est toujours le même et consiste à remplacer les surfaces articulaires malades par une élément métalique(tibia et talus) glissant sur un élement central en plastique. Elle est conçue pour offrir une fonctionnalité et une durabilité à long terme. 

 

Quand est-elle posée ?

La prothèse de cheville est généralement posée pour traiter des douleurs chroniques et une incapacité à effectuer des mouvements de la cheville en raison d’arthrose, dont l’origine peut varier. Avant de poser une prothèse de cheville, le chirurgien évaluera la condition de la cheville, l’âge, le niveau d’activité, ainsi que les examens radiologiques pour déterminer si cette option de traitement est appropriée. L’âge est un facteur important. Il est convenu que la pose est idéalement faite après l’age de 55 ans mais des implantations plus précoces sont parfois indiquées. 

Quelles sont les alternatives ?

En fonction de la condition de la cheville, il peut y avoir des alternatives à la pose d’une prothèse de cheville. Celles-ci peuvent inclure des traitements conservateurs tels que la physiothérapie, les injections de corticostéroïdes ou d’acide hyaluronique, les modifications du mode de vie et bien d’autres. Cependant, si les traitements conservateurs ne fonctionnent pas ou ne sont pas appropriés, la chirurgie peut être une option de traitement viable. Les options chirurgicales les plus connues sont l’arthrodèse consistant à bloquer l’articulation, les ostéotomies de réalignement et la prothèse.

Bénéfices ?

L’avantage principal de la pose d’une prothèse de cheville et la réduction voir disparition des douleurs et l’amélioration de la qualité de vie. La plupart des sports sans impact comme la marche, le golf, la natation ou le vélo peuvent être repris.

Risques ?

Comme toute intervention chirurgicale, la pose d’une prothèse de cheville comporte des risques potentiels tels que l’infection, la thrombose veineuse profonde ou les problèmes de cicatrisation.  Le point le plus important, qui n’est finalement pas une véritable complication, est l’espérance de vie de la prothèse. On dit généralement que la durée de vie moyenne d’une prothèse est de 10 ans. Cela dépend essentiellement de la qualité de l’implantation, du degré d’activité du patient et d’autres facteurs plus spécifiques. En cas d’usure importante de la prothèse, une nouvelle intervention doit être prévue pour la remplacer.

Prothèse ou fusion, laquelle choisir?

D’après de nombreuses études, la prothèse de cheville et la fusion(arthrodèse) fournissent toutes deux un soulagement de la douleur similaire, mais la prothèse assure une bien meilleure fonctionnalité en préservant la souplesse de l’articulation. Cependant, il peut arriver que chez certains patients, le remplacement de la cheville ne soit pas envisageable, auquel cas la fusion représente la meilleure option.

Auparavant, la chirurgie de fusion de la cheville était la méthode de traitement standard pour l’arthrose de la cheville, avant que le remplacement de la cheville ne devienne une option viable. Au cours d’une fusion de la cheville, les deux os constitutifs de la cheville, à savoir le tibia et le talus, sont unis et maintenus en place grâce à des plaques et/ou des vis. Au fil du temps, les os finissent par se souder ensemble. Bien que cette procédure puisse éliminer la douleur articulaire, elle aura pour conséquence l’incapacité de l’articulation à se plier.

Pour plus d’informations spécifiques sur les prothèses/arthrodèses ,vous pouvez lire notre page dédiée.

Pourquoi les prothèses de chevilles ont-elles eu longtemps mauvaise presse ?

Les prothèses de cheville ont longtemps été craintes en raison de la complexité de la région de la cheville et de la difficulté à obtenir des résultats fiables à long terme. Les premières prothèses de cheville étaient souvent sujettes à une usure rapide, une rupture des pièces ou des réactions indésirables. La qualité de l’implantation, dépendante d’une technique rigoureuse et ultra spécialisée, n’était pas celle que l’on connait aujourd’hui et malheureusement beaucoup ne connaissent pas encore le développement des 15 dernières années et pensent toujours que les prothèses “ne marchent pas”. Cependant, avec les avancées technologiques et les améliorations dans la conception des prothèses de cheville, les taux de réussite de cette chirurgie ont considérablement augmentés. Les prothèses de cheville modernes sont conçues pour être plus durables, offrir une meilleure mobilité et être mieux tolérées par l’organisme. On notera enfin que l’implantation d’une prothèse est un geste délicat et complexe, qui nécessite une équipe expérimentée qui sera garante d’un résultat excellent.
Il est important de discuter de toutes les options avec votre chirurgien et de faire preuve de prudence lors du choix d’une prothèse de cheville.

Quel est votre avis personnel sur la question ?

En tant qui chirurgien spécialisé, je vois à ma consultation de très nombreux patients souffrant d’arthrose et après 20 ans de pratique orthopédique, j’ai pu voir une amélioration de leur qualité de vie. Les facteurs sont multiples et l’amélioration des connaissances biomécaniques sur la cheville en est un. L’arthrodèse, certes efficace, est une crainte pour beaucoup de patients, et je la comprend. La cheville est une centre de mobilité majeure pour le corps humain et son blocage n’est pas sans conséquences. Selon moi le vrai changement durant les 20 dernières années concernant l’arthrose de cheville est clairement l’amélioration des prothèses de cheville. 

La discussion entre spécialistes est éternelle quand aux bienfaits des prothèses, l’âge idéal pour les poser, quoi faire en cas de complications et j’en passe. Nous sommes parfois en désaccord et il s’agit souvent d’une question d’expérience personnelle et du type de patients que l’on voit en consultation (âge, travail de force, etc..). 

Au fil des années, j’entend de plus en plus de patients me disant, après la pose de leur prothèse, qu’ils ont retrouvé leur qualité de vie en l’absence de douleur ainsi que leur mobilité. La phrase la plus classique est ” pourquoi ne l’ai-je pas fait avant..”  C’est finalement pour moi le critère le plus important pour progresser dans ce domaine passionnant et en constante modification. L’arthrodèse est selon moi de moins en moins attractive et il existe enfin des alternatives fiables. 

Il est cependant de notre devoir aussi d’expliquer au patient les limites de cette chirurgie et ses conséquences, et de rester raisonnable dans ses indications. 

 

Dr Adrien Ray

 

Pour en savoir plus sur les prothèses de cheville…

 

Atlas sur les voies d’abord du pilon tibial

Après plusieurs années de recherche et de travail, je suis très heureux de vous annoncer la publication de notre atlas médical sur la thématique de l’approche chirurgicale des fractures du pilon tibial.
Il s’agit avant tout d’offrir un contenu pratique et exhaustif à nos collègues chirurgiens et traumatologues pour la prise en charge de ces lésions complexes.
Cet ouvrage est actuellement le livre le plus complet dans le domaine.
Merci à Mathieu Assal, Richard Stern et Mikki Dalmau pour ce travail en commun.
 
Le livre est désormais disponible à l’achat
 
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Névrome de Morton: qu’est ce que c’est?

La maladie de Morton ou névrome de Morton est une pathologie fréquente du pied. Elle touche 3 femmes pour 1 homme et est caractérisée par des douleurs de l’avant-pied. Sa localisation est généralement entre les 3e et 4e orteils, mais peut parfois atteindre l’espace entre les 2e et 3e orteils.

La sensibilité des orteils est assurée par des nerfs situés entre les métatarsiens, sous le pied. Ces nerfs peuvent être irrités et s’enflammer, entraînant une gêne très importante et douloureuse avec symptômes neurologiques, comme des fourmillements ou une anesthésie des orteils. Lorsque ces symptômes sont présents, le diagnostic est confirmé facilement. Dans le cas où seule la douleur est présente, il est important de faire la distinction entre un vrai Morton, et d’autre pathologies douloureuses de l’avant-pied, comme des bursites, métatarsalgies, etc..

 

Diagnostic

L’examen clinique et l’historique sont généralement suffisants, mais on propose souvent un examen radiologique (échographie ou IRM) permettant d’affiner le diagnostic. La taille du nerf est un point important, car lorsqu’il est comprimé durant une longue période, la structure interne du nerf tend à se modifier et le nerf grossi de manière définitive, augmentant encore la compression de cette structure avec les os/ligaments voisins et précipitant des douleurs de plus en plus fortes.

 

Comment vivre avec un névrome de Morton?

La compression du pied entraine un écrasement du névrome et une augmentation des douleurs. Préférez donc des chaussures souples, larges et privilégiez les chaussures rondes plutôt que pointues. Les talons hauts sont également à limiter car ils augmentent la pression sous l’avant du pied. Choisissez donc bien vos chaussures!!!

Enfin, le port de semelles orthopédiques spécifiques peut améliorer la situation en redistribuant les charges ou en corrigeant un hyper-appui localisé. 

 

Que faire en cas d’échec?

 

Si vous avez modifié vos habitudes de chaussage, mis en place des semelles et que les douleurs ne font qu’empirer, il est conseillé de consulter votre médecin traitant ou un orthopédiste. Une fois le diagnostic confirmé, des infiltrations peuvent être effectuées et aident généralement temporairement. Pour un résultat à long terme, il faudra peut-être recourir à la chirurgie afin d’enlever complètement ce nerf malade, ou, dans les cas les plus légers,  le décomprimer.

Dans tous les cas, n’attendez pas le dernier moment pour consulter, car plus le problème est pris à temps, meilleurs seront les résultats.

Pour de plus amples informations sur le névrome de Morton ..>

 

 

Hallux valgus : Mythes et réalité

Auteur: Adrien Ray

1. “L’ hallux valgus est dû aux talons hauts”

L’ Hallux valgus est une déformation complexe dont l’origine n’est pas encore parfaitement comprise. L’architecture osseuse, le caractère génétique, l’hyperlaxité ainsi que bon nombre d’autres facteurs sont reconnus comme participant à son développement. A ce jour, cependant, aucune étude n’a prouvé le rôle des talons hauts dans le genèse de cette pathologie. En entraînant un déplacement du centre de gravité antérieurement, ils augmentent la symptomatologie et les douleurs, tout comme l’étroitesse de ces chaussures. Ils représentent donc un facteur aggravant dans un context d’ hallux valgus déjà installé.

2. “Il faut attendre que les douleurs soient très importantes avant de consulter”

Le traitement chirurgical des oignons a montré une grande évolution depuis une vingtaine d’année. A l’époque, la chirurgie était souvent compliquée de récidives, de douleurs ou du développement d’autres problèmes alors peu compris. La prudence était alors de mise et on conseillait aux patients d’attendre que la symptomatologie soit très avancée pour discuter d’une correction. Actuellement, la pathologie est bien mieux comprise, les gestes chirurgicaux maîtrisés et il est conseillé de consulter dès que la gène ou les douleurs s’installent. On sait aussi que d’autres problèmes, comme l’arthrose, peuvent surgir si la déformation est laissée des années sans correction.

3. “La chirurgie de correction d’un oignon au pied est très douloureuse”

Si vous posez la question à une femme opérée d’un oignon au pied il y a 25 ans, il y a de forte chance qu’elle décrive cette expérience comme un réel traumatisme, souvent comparée aux douleurs de l’accouchement. Là encore, cette vision n’a plus du tout court aujourd’hui. Avec le développement des techniques chirurgicales et anesthésiques, la douleurs n’est clairement plus un problème. Naturellement, chaque personne perçoit la douleur différemment, mais elle est transitoire, bien gérée par les médicaments et on décrit rapidement une gêne plus qu’une veritable douleur.

4. “On peut corriger les oignons au laser”

Il s’agit ici d’une information fausse. Il n’existe actuellement AUCUNE technique de correction au laser d’un oignon au pied. La chirurgie mini-invasive, ou percutanée, permet d’effectuer cette chirurgie par une ou plusieurs incisions d’un millimètre. Cependant, les gestes osseux effectués par ces incisions sont faits par des fraises tournant à grande vitesse et absolument pas au laser.

Pour en savoir plus sur l’hallux valgus…

 

Récidive après chirurgie d’hallux valgus

Auteur: Dr Adrien Ray

1. Quelle est la fréquence des récidives de la chirurgie du pied?

Elle dépend avant tout du type d’intervention choisie et de l’âge du patient.

Chez l’adulte, le taux recensé de récidive et de 2 à 4% (Mann et al.). C’est habituellement le risque rencontré lors d’une chirurgie du pied moderne où une coupe dans l’os est effectuée, déplacée, puis fixée, afin de réaligner le gros orteil. Ce taux peut grimper jusqu’à 50 % dans les chirurgies où seule une excision de la bosse a été effectuée. C’est pour cette raison qu’on corrige pratiquement systématiquement les hallux valgus par une coupe osseuse, car les anciennes chirurgies, plus légères, montrent des résultats décevants.

Chez l’adolescent, elle peut être élevée et, suivant les études publiées, peut aller de 10 à 40%. Elle s’explique souvent par une mauvaise analyse de la cause de la déformation qui est souvent différente de l’hallux valgus développé chez l’adulte. On ne traite donc pas forcement une jeune fille de 14 ans comme une femme de 50 ans.

2. Quelles en sont les causes?

La compréhension de la cause de la déformation est primordiale dans la planification chirurgicale. Chaque pied est différent et il n’existe pas une chirurgie du pied corrigeant tous les hallux valgus. Longtemps, les causes de ces déformations n’étaient pas vraiment comprises, ce qui explique le taux important de récidives chez les patients opérés il y a de nombreuses années.

Les études scientifiques anatomiques et les études de patients opérés ont permis de classifier les hallux valgus selon leur forme, leur degré et parfois leurs causes. Toutes les chirurgies possibles (il en existe plus de 200) sont désormais spécifiques à certaines formes d’hallux valgus et ne doivent être proposées que dans ces conditions. Par exemple, un patient âgé, souffrant simplement d’une bosse dans un contexte de léger hallux valgus et arthrose, est un très bon candidat pour une simple excision de la bosse ou pour une autre chirurgie légère. Les suites seront simples et les douleurs clairement diminuées. La même chirurgie chez un jeune patient pourrait donner de bons résultats durant quelques mois, mais la déformation progressant, il se présentera 6 mois après pour une récidive invalidante. Il faut donc lui proposer d’emblée une chirurgie un peu plus lourde mais définitive.

3. Comment choisir la bonne chirurgie ?

C’est évidemment la question que se pose tout patient et tout chirurgien. Il n’y a pas de réponse exacte et elle dépend de nombreux facteurs. C’est ici le rôle du chirurgien d’expliquer au patient son problème, sa cause si elle existe, et le moyen de le corriger. L’expérience personnelle de l’opérateur est un des facteurs clés. Chaque chirurgien doit connaître plusieurs interventions pour corriger un hallux valgus et son expérience personnelle lui permettra de choisir le geste adéquat. Il y a de très nombreuses options possibles pour corriger une déformation et il n’y a pas de consensus exact affirmant que tel hallux valgus nécessite telle intervention. Il faut savoir apprécier l’âge du patient, ses demandes et buts ainsi que le type de déformation pour offrir le geste le plus spécifique possible.

4. Que faire en cas de récidive ?

Avant tout, ne pas baisser les bras. Les récidives existent et ne signifient pas qu’elles sont définitives. Il y a généralement un moyen de les corriger.
La première question à se poser: Est-ce que cette nouvelle déformation me gêne vraiment ? Au delà du caractère esthétique, une récidive légère peut être parfaitement indolore et dans ce cas, il vaut mieux réfléchir clairement à la nécessité d’une nouvelle intervention.
Si la douleur ou la gêne réapparaissent, il est alors conseillé de consulter un spécialiste. Des modifications dans les chaussures ou semelles peuvent parfois suffire à diminuer significativement la gêne. En dernier recourt, la chirurgie peut être envisagée.

5. Quelles sont les options ?

La chirurgie du pied dépendra de la déformation et de sa cause.
On note souvent des récidives en cas de correction insuffisante ou inadéquate lors de la première chirurgie. Dans ce cas, on effectuera une nouvelle correction, cette fois-ci, suffisante.
Parfois, seule une petite bosse signe la récidive sans déviation du gros orteil. On peut alors discuter d’une simple excision de cette bosse, par chirurgie ouverte ou percutanée.
Enfin, certaines personnes montrent malheureusement une atteinte importante de l’articulation accompagnant cette récidive, et dans ce cas l’option de choix reste l’arthrodèse, autrement dit le blocage définif de l’articulation.

Dans tous les cas, il est important de comprendre qu’une chirurgie de reprise est toujours plus complexe techniquement qu’une chirurgie de première intention.

Pour en savoir plus sur le traitement et les causes de l’hallux valgus…